Alors que les tensions entre les États-Unis et la Chine ne faiblissent pas et que Washington est bien déterminé à lutter contre les espions de Pékin, un universitaire singapourien a plaidé coupable devant un tribunal américain d'être un «agent illégal d'une puissance étrangère». Jun Wei Yeo, âgé de 39 ans, risque jusqu'à dix ans de prison, rapporte la BBC. Cet homme n'est pas un espion comme les autres: il a établi ses contacts essentiels en utilisant LinkedIn, le réseau social consacré à l'emploi et à la carrière des professionnelles.
Alors que les tensions entre les États-Unis et la Chine ne faiblissent pas et que Washington est bien déterminé à lutter contre les espions de Pékin, un universitaire singapourien a plaidé coupable devant un tribunal américain d'être un «agent illégal d'une puissance étrangère». Jun Wei Yeo, âgé de 39 ans, risque jusqu'à dix ans de prison, rapporte la BBC.
Cet homme n'est pas un espion comme les autres: il a établi ses contacts essentiels en utilisant LinkedIn, le réseau social consacré à l'emploi et à la carrière des professionnel·les qui y sont inscrit·es et qui est utilisé par plus de 700 millions de personnes dans le monde. Les documents judiciaires se sont contentés de décrire la plateforme comme un site de réseautage, mais son utilisation à des fins d'espionnage a été confirmée par le Washington Post.
Espionner les CV
D'ancien·nes employé·es du gouvernement ou de l'armée états-unienne n'hésitent pas à détailler publiquement sur LinkedIn les détails de leurs antécédents professionnels, dans le but de trouver un emploi dans le privé.
Ces informations constituent une mine d'or potentielle pour les services étrangers de renseignement. En 2018, le chef du contre-espionnage américain William Evanina a mis en garde contre une action super agressive de Pékin sur cette plateforme détenue par Microsoft, l'un des rares média sociaux occidentaux qui ne soit pas bloqué en Chine.
À lire aussiDes utilisateurs découvrent qu'Instagram utilise à leur insu l'appareil photo des téléphones, l'entreprise promet que c'est un «bug» Kevin Mallory, un ancien officier de la CIA emprisonné pendant vingt ans en mai dernier pour avoir divulgué des secrets militaires à un agent chinois, a été la première cible visée sur LinkedIn.
En 2017, l'agence de renseignement allemande a déclaré que des agents chinois s'étaient servis de cette plateforme pour cibler au moins 10.000 Allemand·es. LinkedIn n'a fait aucun commentaire sur cette affaire, mais avait déclaré auparavant qu'elle allait prendre une série de mesures afin de mettre fin à des activités malveillantes.
Sur LinkedIn, Jun Wei Yeo a proposé aux personnes qu'il a ciblé de rédiger des rapports sur leur domaine de compétences, se présentant comme membre d'un cabinet de conseil qui portait le même nom qu'une entreprise déjà bien connue. Il transmettait ensuite ces rapports à ses contacts chinois.
L'une des personnes qu'il a contactées travaillait sur le programme d'avion de chasse F-35 de l'US Air Force et a admis avoir des problèmes d'argent. Un officier de l'armée américaine affecté au Pentagone a été payé au moins 2.000 dollars [un peu plus de 1 698 dollars] pour rédiger un rapport au sujet de l'impact qu'aurait sur la Chine le retrait des forces états-uniennes d'Afghanistan.
C'est un allié invisible –l'algorithme LinkedIn– qui a secondé Yeo, basé à Washington DC pendant une partie de l'année 2019, dans la recherche de ses cibles.
Le procureur général adjoint des États-Unis pour la sécurité nationale, John Demers, a déclaré que cette affaire était un exemple de la façon dont la Chine exploite «l'ouverture de la société américaine».