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Retrait de 12 000 soldats : Trump veut faire payer l'Allemagne
Le gouvernement des Etats-Unis a fait savoir mercredi que près de 12 000 de ses soldats quitteraient dès que possible l'Allemagne, où ils sont actuellement stationnés.

C'est un vestige d'une époque où les Etats-Unis entendaient contrer l'Union soviétique en Europe en cas de troisième guerre mondiale : encore aujourd'hui, environ 36 000 soldats des Etats-Unis sont stationnés en Allemagne. Près de 12 000 d'entre eux vont prochainement quitter le pays, a fait savoir le ministère de la Défense ce mercredi. Selon le secrétaire à la Défense Mark Esper, cité par le «Washington Post», il s'agit d'aligner le déploiement de forces sur la stratégie de l'Otan. «Comme chacun peut le constater, la réorganisation de nos forces en Europe constitue un changement important et positif, (...) en cohérence avec les ajustements internes à l'Otan en d'autres temps», a déclaré le ministre. Pour le président des Etats-Unis, toutefois, les raisons qui motivent ce changement sont toutes autres : faire payer Berlin.

«L'Allemagne est en défaut de paiement! Ils n'ont pas payé les frais! Ils n'ont pas payé les frais pour l'Otan! Ils en sont très loin et ça fait des années. Ils n'ont pas l'intention de payer. Les Etats-Unis se font avoir sur le commerce, sur l'armée et sur tout le reste. Je suis là et je règle tout ça. Mais l'Allemagne nous doit des milliards et des milliards de dollars pour l'Otan. Et pourquoi on garderait tous ces soldats là-bas? Et maintenant l'Allemagne dit que c'est mauvais pour leur économie. Eh bien, c'est bon pour notre économie! L'Allemagne est en défaut de paiement! Ils sont à 1%, ils devraient être à 2% et en fait, tout le monde devrait être à 4%, parce que 2% c'est pas assez», a tenté d'expliquer Donald Trump aux journalistes qui l'interpelaient mercredi matin sur la décision du retrait.

Depuis des années, Trump entretient la confusion

Depuis son élection, le président Trump n'a cessé d'exiger des pays membres de l'Otan qu'ils paient ce qu'il estime être leur dû. Mais le milliardaire entretient depuis des années une confusion : les sommes évoquées ne correspondent en aucun cas à un loyer que verseraient les pays alliés des Etats-Unis pour leur protection par les forces américaines. Il s'agit en réalité de la part de leurs budgets nationaux consacrée à la défense. L'Otan encourage un effort à hauteur de 2% du PIB de chaque pays, que certains Etats-membres ne fournissent pas. C'est le cas de l'Allemagne, qui a consacré 1,38% de son PIB à la défense en 2019, selon un document de l'Otan consacré à ces questions. La France fait mieux, avec 1,84%, mais reste en dessous du seuil des 2%. Quant au prétendu objectif des 4% cité par le président, il paraît totalement irréaliste : même les Etats-Unis se contentent de 3,42%, alors que le pays est le plus dépensier au monde en matière de défense, avec 732 milliards de dollars en 2019, selon le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri). C'est plus que les budgets des 10 pays suivants cumulés, dont la Chine.

Donald Trump oublie en outre de souligner que les pays membres de l'Otan, même s'ils n'atteignent pas la barre des 2%, ont pour la plupart considérablement augmenté leurs dépenses de défense ces dernières années, allant dans le sens voulu par Washington. Selon le Sipri, l'Allemagne a même gonflé son budget de défense de 10% en 2019, la plus forte augmentation en Europe.

Selon le «Military Times», une publication indépendante destinée aux membres des forces armées américaines, la décision de l'administration Trump pourrait bien marquer la fin du rôle central joué par l'Allemagne dans le dispositif militaire des Etats-Unis. Plusieurs centres de commandement américains sont en effet situés dans le pays. Une partie des soldats retirés d'Allemagne rentrera aux Etats-Unis, a fait savoir Mark Esper, tandis que certains seront déployés en Italie et en Belgique.

Pour le sénateur démocrate Chris Murphy, «c'est une très mauvaise idée», «probablement juste pour embarrasser l'Allemagne». Son collègue républicain Mitt Romney y voit une «grave erreur» et une «gifle pour un ami et allié», en même temps qu'un «cadeau pour la Russie».

Source: Paris Match