La Cour suprême angolaise a condamné vendredi à cinq ans de prison José Filomeno dos Santos, fils de l'ex-président José Eduardo dos Santos, première personnalité de l'ancien régime sanctionnée pour des faits de corruption.
Depuis le départ en 2017 de José Eduardo dos Santos, après 38 ans au pouvoir, son successeur Joao Lourenço a limogé, au nom de la lutte contre la corruption, tous les proches que l'ancien président avait placés à la tête des institutions, des entreprises publiques et de l'appareil sécuritaire du deuxième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne.
Dirigeant du fonds souverain angolais entre 2013 et 2018, José Filomeno dos Santos était accusé d'avoir, avec ses trois coprévenus, transféré illégalement 500 millions de dollars de la Banque centrale vers le compte londonien d'une agence du Crédit suisse, dans le cadre d'une fraude qui leur aurait permis, selon le parquet, de détourner jusqu'à 1,5 milliard de dollars.
''Pour le chef de fraude et celui de trafic d'influence, le prévenu est condamné à une peine cumulée de cinq ans de prison'', a annoncé le juge Joao da Cruz Pitra, de la Cour suprême de Luanda, en prononçant la peine de José Filomeno dos Santos, dit ''Zenu'', 42 ans.
En juin, le parquet avait requis sept ans de prison contre lui et un autre accusé, et dix ans pour les deux autres coprévenus, dont l'ex-patron de la Banque centrale Valter Filipe da Silva.
Ses trois complices présumés ont été condamnés à des peines de cinq à huit ans de prison, M. da Silva écopant de la plus lourde condamnation.
Les quatre hommes, qui ont toujours clamé leur innocence, ont en revanche été acquittés du chef de blanchiment d'argent.
Les avocats de MM. dos Santos et da Silva ont annoncé aux journalistes qu'ils feraient appel.
-''Viser le père''-
''Nous présenterons nos arguments techniques et juridiques et si nous ne sommes pas entendus ici nous nous tournerons vers d'autres institutions'', a déclaré Sergio Raimundo, avocat de l'ex-patron de la Banque centrale.
L'avocat de M. dos Santos, Antonio Gentil, a pour sa part affirmé à l'AFP qu'il n'existait ''pas de preuve'' que son client ait détourné des fonds vers ses comptes personnels.
osé Filomeno dos Santos est avec sa demi-soeur Isabel, évincée en novembre 2017 du poste de PDG de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol, un des symboles du ''nettoyage'' voulu par le successeur de leur père.
En février, l'Angola a gelé les fonds d'Isabel dos Santos, nommée ''première femme milliardaire d'Afrique'' en 2013 par le magazine américain Forbes, et surnommée ''la princesse'', qui détient d'importantes participations dans les télécommunications (Unitel, premier opérateur d'Angola, et le géant Nos au Portugal) et les banques (BIC en Angola et PBI au Portugal).
Elle a catégoriquement démenti les accusations portées contre elle, dénonçant en juin un ''déni de justice'' dans la procédure ouverte contre elle dans son pays pour corruption et détournements de fonds publics, récemment évalués à 5 milliards de dollars.
Une autre fille de l'ex-président dos Santos, Welwitschia, a été écartée du comité central du parti au pouvoir depuis l'indépendance, le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), puis suspendue de son mandat de député pour absentéisme et ''enrichissement illégal''.
Welwitschia dos Santos a réagi à la condamnation de son frère en accusant, dans une déclaration à l'AFP, le président Lourenço ''d'utiliser les enfants pour viser leur père, plus puissant politiquement''.
Malgré d'importantes richesses minérales, le tiers de la population de ce pays ravagé par une guerre civile de 1975 à 2002 vit en-dessous du seuil de pauvreté.