La Mauritanie entre dans une délicate phase d'instabilité. Le bras de fer entre l’actuel président et son mentor, Mohamed Ould Abdel Aziz, a pris des proportions inquiétantes.
Après l’épisode de la commission d’enquête parlementaire sur les années de règne de l’ancien président (août 2008 - août 2019), devant laquelle l’ancien président a refusé de comparaitre, la justice a auditionné des membres de sa familles, dont ses deux filles et son beau frère, soupçonnés d’ «enrichissement illicite».
Sentant l’étau se resserrer davantage contre lui, Ould Abdel Aziz s’est converti du jour au lendemain en challenger politique en lançant une OPA réussie sur une petite formation de gauche, le Parti Unioniste Démocratique socialiste, créée par un ancien sous-officier de l’armée mauritanienne juste après sa sortie de prison. Le PUDS ne compte aucun élu ni dans les communes ni au Parlement.
Grâce à sa fortune, Ould Abdel Aziz a pu doter son nouveau parti d’un siège flambant neuf dans la capitale Nouakchott, rénover ses structures et organiser un congrès qui s’est conclu avec la désignation d’une nouvelle équipe aux commandes. Le poste de secrétaire général a été confié à un de ses anciens ministres, Seyidna Ali Ould Mohamed Khouna. L’ex-chef de diplomatie, Isselkou Ould Ahmed Izid Bih a également rejoint le PUDS.
Face à ces développements, Ould El Ghazouani a réagi rapidement. Hier, le ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation a annoncé «la fermeture du siège du parti unioniste démocratique et socialiste et la suspension de ses activités, pour une durée de 90 jours, pour violation des procédures régissant les activités de partis politiques», indique l’agence mauritanienne de presse (AMI). «La décision est motivée par le recours de ce parti à la fraude dans le dessein de porter atteinte à la sécurité et à l’ordre publics», ajoute la même source.
Des médias locaux pronostiquent même une éventuelle arrestation de Mohamed Ould Abdel Aziz. Ce bras de fer, qui se joue pour l'instant dans l'arène politique, entre les deux anciens «frères d’armes» pourrait basculer en une confrontation directe et armée.