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Tony Elumelu, nouveau roi du pétrole ?
Le milliardaire nigérian s’empare auprès de Shell, Total et ENI de 45% d’un bloc pétrolier en production dans le Delta du Niger. Avec la bénédiction des autorités nigérianes qui veulent développer les compagnies domestiques.

Un nouveau géant privé du pétrole va-t-il émerger au Nigeria? Déjà actif, via différentes sociétés, dans l’exploration-production et les services pétroliers, l’homme d’affaires et philanthrope Tony Elumelu, 57 ans, vient de mettre la main sur 45 % du bloc de licences OML 17 dans le Delta du Niger.

Pour ce bloc, situé à terre à quelques dizaines de kilomètres au nord de Port-Harcourt, la transaction globale se chiffre à 1,1 milliard de dollars. Elle consiste en l’acquisition des parts de Shell (30 %), de Total (10 %) et d’ENI (5 % via sa filiale Nigerian Agip Oil Co. ).

Pour financer l’opération, Tony Elumelu a bénéficié des conseils du cabinet White&Case et reçu le renfort d’une belle brochette de banques privées et d’institutions de développement, à savoir notamment Afreximbank, ABSA, Africa Finance Corporation, Union Bank of Nigeria, Hybrid Capital ainsi que du fonds Amundi. Le deal comprend un contrat d’achat de pétrole (offtake) par la branche trading de Shell.

Une capacité de 27 000 barils/jour

Shell, via sa filiale nigériane SPDC était opérateur de la licence détenue, par ailleurs, à hauteur de 55 % par la compagnie nationale NNPC.

L’opération a été réalisée à travers TNOG Oil & Gas Limited, filiale des deux principaux groupes de la galaxie Elumelu, à savoir la holding privée Heirs et le groupe Transcorp, coté à Lagos.

Le bloc OML 17 qui recèle de l’huile et du gaz affiche une capacité de 27 000 barils/jour. Ses réserves 2P (prouvées et probables) s’élèvent à 1,2 milliard de barils, selon TNOG. Il compte, selon la société d’études Wood Mackenzie, 15 puits de gaz et d’huile, dont six en production.

Déjà présent dans l’amont pétrolier

Le groupe Shell avait annoncé, en 2018, mettre certains actifs nigérians sous revue, dont le bloc OML17. Tony Elumelu faisait alors déjà partie des candidats favoris. Il aura donc depuis réuni les fonds nécessaires pour étendre ses actifs pétro-gaziers.

Connu, notamment, pour ses activités dans le domaine de la production électrique, Tony Elumelu est déjà présent via différentes sociétés dans l’amont pétrolier. Transcorp opère ainsi en association avec NNPC le petit bloc onshore OPL 281, dont le gaz est brûlé dans une centrale électrique du groupe.

Tenoil, filiale de Heirs détient, par ailleurs, le champ marginal Ata, qui doit bientôt entrer en production (3 500 barils jour prévus mi-2021).

Soutien du gouvernement

Dominé de très loin par le géant NNPC, le secteur pétrolier nigérian compte une vingtaine d’opérateurs domestiques assurant avant la crise du Covid-19, environ 20% de la production du pays avec, parmi les leaders Aiteo Eastern E&P Co (Benedict Peters) ou Seplats.

Signe des temps, le gouvernement du président Muhammadu Buhari a, d’ores et déjà, approuvé la transaction de Tony Elumelu.

Depuis plusieurs années, les autorités, confrontées à la stagnation de la production du pays et l’inéfficience de NNPC poussent via diverses mesures à la croissance du contenu local des projets et aussi à la structuration du secteur pétrolier privé. Cette position a été plusieurs fois réaffirmée ces derniers mois par Timipre Sylva, ministre du Pétrole.

Un objectif national jamais atteint

L’objectif global du pays à terme est d’atteindre une production de 4 millions de barils par jour. Cette cible, très ancienne, n’a jamais atteinte. Début 2020, le pays ne produisait que 1,76 million barils par jour, chiffre descendu depuis à 1,4 million en raison de la crise.

Pour doper le secteur, le Nigeria finalise, un nouveau code pétrolier (Petroleum Industry Bill) actuellement en discussion finale au Parlement.

Si les compagnies internationales ont conduit, ces dernières années, de lourds investissements dans l’offshore nigérian, la réforme du secteur survient sur fond d’un certain désengagement de ces opérateurs des blocs onshore, à l’image de la cession d’OML17 par Shell, Total et ENI.

« Afrocapitalisme »

Ce type d’actifs à terre est jugé de plus en plus risqué en termes de sécurité et « compliance » dans une région marquée par les actions sporadiques de groupes armés comme les Vengeurs du Delta.

La région est tristement connue aussi pour ses fréquents problèmes environnementaux, souvent liés à l’action de bandes armés ou de contrebandiers, des problèmes attribués selon certains représentants locaux ou ONG à la négligence des opérateurs.

Dans un tweet commentant son acquisition d’OML17 Tony Elumelu a indiqué «qu’en tant qu’originaire du Delta, j’ai toujours pensé que la région méritait mieux (…). Avec TNOG notre approche de l’Afrocapitalisme souligne notre engagement pour un développement inclusif et une prospérité partagée avec nos communautés d’accueil ».

Source: Jeune Afrique