Bien que repoussé d'une journée, l'examen d'une demande de démission du gouvernement et de son Premier ministre, étape cruciale dans l'offensive du président de la République Félix Tshisekedi pour la mise à l'écart de son prédécesseur Joseph Kabila, s'est bien tenu ce mercredi 27 janvier.
À l'issue de ce rendez-vous tant attendu, l'Assemblée nationale a adopté, à une écrasante majorité de 367 voix contre 7, le texte déposé le 22 janvier par le député Chérubin Okende, lui-même issu d'Ensemble pour le changement, la plateforme de Moïse Katumbi. Sylvestre Ilunga Ilunkamba est désormais « réputé démissionnaire » et doit démissionner dans les 24 heures, selon la Constitution. Le document initial avait été signé par 301 députés sur 500 se réclamant de l'« Union sacrée de la nation », une nouvelle majorité parlementaire voulue depuis décembre par le président Tshisekedi. « Les échecs répétés dans l'exécution de son programme, les fautes graves cumulées et l'incompétence notoire du Premier ministre et des autres membres du gouvernement justifient cette motion de censure », expliquent les signataires dans un document de 30 pages, consulté samedi par l'AFP. Ils affirment que c'est « spécialement dans le domaine de la défense et de la sécurité que se constate l'échec du gouvernement » en se référant aux violences qui se poursuivent dans l'est du pays.
Un Premier ministre de plus en plus isolé
Absent de l'Assemblée nationale, le Premier ministre sortant a dénoncé « une man?uvre politicienne sans fondement factuel au mépris des exigences de l'État de droit », dans une réponse écrite à la motion de censure envoyée au président du bureau provisoire de l'Assemblée nationale. Il affirme que ce bureau provisoire n'est pas compétent pour examiner une telle motion de défiance, dans cette lettre disponible sur le site Internet de la Primature (les services du Premier ministre).
Le vote de l'Assemblée nationale représente une victoire pour le président Tshisekedi, en quête d'une nouvelle « majorité nationale d'union sacrée » depuis son discours télévisé du 6 décembre. Ce jour-là, le chef de l'État avait annoncé unilatéralement la fin de la coalition au pouvoir qu'il formait depuis son investiture en janvier 2019 avec son prédécesseur Kabila (2001-2019). Cette coalition était l'élément clé de la transition pacifique du pouvoir entre les deux hommes, la première dans l'histoire du pays. Proclamé vainqueur de l'élection présidentielle du 30 décembre 2018, l'opposant Félix Tshisekedi devait cependant gouverner avec une majorité parlementaire restée fidèle à Joseph Kabila. En annonçant la fin de la coalition, le président Tshisekedi a demandé le soutien d'une nouvelle majorité à l'Assemblée. Issu du Front commun pour le Congo (FCC) fidèle à Kabila, comme les deux tiers des 65 ministres de l'actuel gouvernement, le Premier ministre a rencontré lundi Joseph Kabila à Lubumbashi. « Je pars à Lubumbashi pour une réunion avec Son Excellence Joseph Kabila. C'est lui qui a proposé mon nom comme candidat Premier ministre, ce qui a permis ma nomination par Son Excellence le Président de la République », avait posté, dimanche, sur Twitter le Premier ministre Ilunga, nommé en mai 2019. La plupart des ministres étaient absents mercredi à l'Assemblée nationale, à part une poignée de proches du président Tshisekedi.