Selon les résultats provisoires annoncés par la Commission électorale nationale et indépendante (Ceni), Mohamed Bazoum, 61 ans, candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir) a remporté la présidentielle du dimanche 21 février avec 55,75 % des voix face au candidat de l'opposition Mahamane Ousmane (44,25 %).
Ces « résultats sont provisoires et doivent être soumis à l'analyse de la Cour constitutionnelle », a déclaré Issaka Souna, président de la Ceni, devant le corps diplomatique et les autorités nigériennes rassemblés au Palais des congrès de Niamey. Ce scrutin marque la première transition pacifique entre deux chefs d'État démocratiquement élus au Niger, alors que le président sortant Mahamdou Issoufou arrivé au terme de son second mandat ne pouvait plus se représenter conformément à la Constitution nigérienne.
Le taux de participation au second tour de dimanche a été de 62,91 %, selon la Ceni qui a précisé que Bazoum avait recueilli 2 501 459 voix contre 1 985 736 à Ousmane sur un total de 7,4 millions d'électeurs appelés à voter. Dans son programme, Mohamed Bazoum, issu de la minorité arabe, compagnon de route de Mahamadou Issoufou depuis trente ans, a promis « la continuité ». Il avait récolté 39,3 % des suffrages au premier tour du 27 décembre 2020, contre presque 17 % à Ousmane.
L'opposition conteste déjà ces résultats
Juste avant la proclamation de ces résultats, l'opposition a dénoncé « un hold-up » électoral, exigeant « la suspension immédiate de la publication des résultats ». « Je demande à tous les Nigériens (?) de se mobiliser comme un seul homme pour faire échec à ce hold-up électoral », a déclaré à la presse Falké Bacharou, directeur de campagne Mahamane Ousmane. Il a estimé que « les résultats en cours de publication ne sont pas dans beaucoup de cas conformes à l'expression de la volonté du peuple ». Le président sortant Mahamadou « Issoufou et son camp persistent à défier le peuple souverain du Niger », a-t-il accusé. Il s'exprimait à Niamey dans une ambiance surchauffée du siège d'un parti allié où des jeunes militants criaient « Tchanji ! », le « changement » en langue haoussa raconte l'Agence France-Presse. Après cette déclaration, des dizaines de jeunes armés de bouts de bois ont brûlé des pneus et crié vouloir prendre la route de la Commission électorale nationale indépendante a également constaté l'AFP.
L'immense majorité des résultats par commune ont été publiés sur le site de la Ceni et ils donnent Mohamed Bazoum gagnant. En dépit de l'insécurité provoquée par les djihadistes dans leur pays, les électeurs du Niger ont voté dimanche pour le second tour qui opposait le favori Mohamed Bazoum, fidèle du sortant Mahamadou Issoufou, et l'opposant Mahamane Ousmane.
Entre les deux tours, l'opposition avait déclaré qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats si elle les estimait entachés de fraudes. Elle avait déjà dénoncé de présumées fraudes lors du premier tour, mais avait été déboutée par la justice. Si elle boycottait sa participation à la Ceni au premier tour, elle l'avait finalement rejointe pour le second.
Le second tour a été endeuillé par la mort d'au moins huit agents électoraux : le véhicule de sept d'entre eux a sauté sur une mine dans la région de Tillabéri (ouest, frontalière du Mali et du Burkina Faso dans la zone dite des « trois frontières »), un autre a été tué dans la région de Diffa (sud-est frontalier du Nigeria). Au-delà de ces événements douloureux, ce scrutin est déjà historique : à l'issue du processus, le 4 avril prochain, pour la première fois, deux chefs d'État démocratiquement élus se tiendront côte à côte pour une transmission pacifique du pouvoir.