Le Rwanda de Paul Kagame (photo) est arrivé à son tour sur le marché des emprunts obligataires internationaux (eurobonds) avec un certain succès. Il est parvenu le lundi 2 août, à y mobiliser 620 millions $.
L'opération arrangée par Citibank et la Deutsche Bank porte à 8 le nombre de gouvernements africains ayant depuis le début de l’année, mobilisé jusqu’à 12,2 milliards $ de ressources, selon des calculs de l'Agence Ecofin.
A la même période en 2020, 8,9 milliards $ avaient été mobilisés par ce canal. Une part des fonds mobilisés par le Rwanda (400 millions $) servira à refinancer son unique eurobond qui arrive à maturité en 2023, avec un taux d'intérêt de 6,62%.
Le reste servira à soutenir des projets dans l'agriculture, la promotion des exportations et la résilience au changement climatique. Comme cela a été le cas pour le Cameroun, un des récents émetteurs africains d'eurobond, l'opération permet de renforcer la solidité de la liquidité extérieure, tout en réduisant à court terme le coût de la dette.
Deux pays africains qui sont toujours attendus sur des eurobonds, c'est le Nigeria et l'Afrique du Sud. Selon des sources internes au milieu des banques internationales d'investissement et qui ont été rapportées par la plateforme Global Capital, la première économie d'Afrique en termes de population et du produit intérieur brut a lancé l'appel d'offres pour recruter des arrangeurs. Le pays continue de solliciter son marché local des capitaux pour mobiliser des ressources en nairas (monnaie locale), mais aussi en devises (investisseurs étrangers achetant des obligations locales).
Avec une moyenne de 12%, les taux offerts demeurent élevés par rapport à ceux actuellement pratiqués sur les marchés internationaux. Un pays comme le Bénin ne s'est d'ailleurs pas privé et est revenu deux fois sur le marché des eurobonds en moins de 6 mois. La question est désormais de savoir si les eurobonds africains atteindront les niveaux records de 2018 (26,5 milliards $) et de 2019 (25,6 milliards $).
Rien n'est certain, même si les besoins en liquidité des gouvernements africains demeurent importants et que les investisseurs affichent un engouement à leur prêter de la ressource. Le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a récemment validé le projet visant à émettre des droits de tirage spéciaux (DTS) supplémentaires. Ce sont des instruments qui permettent de soutenir les réserves de change lorsque les pays font face à des besoins de liquidité extérieure.
Si les promesses de la Conférence de Paris sur le financement de l'Afrique sont tenues, le continent devrait mobiliser jusqu'à 100 milliards $ supplémentaires, ce qui viendrait atténuer son envie d'emprunter sur les marchés internationaux de la dette. Ces hypothèses devront toutefois se confirmer par l'évolution des choses.
La pression sur les ressources extérieures des pays africains est aujourd'hui mise à risque par la flambée des prix des produits alimentaires. Dans la zone UEMOA, cette hausse a atteint 19% pour le premier trimestre 2021, selon des données de la Banque centrale (BCEAO).