C'est un projet très controversé qui vient d'être validé par la justice britannique : celui d'expulser les demandeurs d'asile de diverses nationalités vers le Rwanda, au moment où les traversées de la Manche atteignent des records.
La Haute Cour de justice a donc dit oui. Les autorités britanniques pourront renvoyer vers le Rwanda, manu militari, les demandeurs d'asile de diverses nationalités qui ont traversé la Manche, le temps d'étudier leur dossier. En échange, Kigali perçoit 120 millions de livres. Mais il faudra quand même, assurent les juges, étudier les circonstances particulières de chaque cas.
Cette lutte contre l'immigration clandestine, c'était l’une des promesses du Brexit, les conservateurs en ont fait leur priorité. ''Voir un avion décoller pour le Rwanda, c'était mon rêve pour Noël'', a confié récemment la très à droite ministre de l'Intérieur britannique, Suella Braverman en octobre dernier. Pourtant les migrants n’ont jamais été aussi nombreux à traverser la Manche. Plus de 45 000 cette année sont arrivés sur les côtes anglaises, contre 28 500 l'an passé. Et la semaine dernière encore quatre migrants sont morts en tentant la traversée. Jusqu'à maintenant aucun appareil ne s'est envolé pour Kigali. Le seul vol prévu n'a jamais pu décoller après un recours de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).
Indignation des associations de migrants
''Après les horreurs de la guerre, le traumatisme de l'expulsion'', ce projet est tout simplement ''cruel'', dénonce l'ONG Care4Calais. Le Haut-commissariat aux réfugiés a rappelé qu'il était ''fermement opposée'' à ce type d'arrangement sans garantir aux migrants une protection suffisante à leur retour.
Ce qui inquiète avant tout le HCR, c'est que d'autres pays emboîtent le pas à la Grande-Bretagne. l’Italie, par exemple, a prolongé un accord à 100 millions de dollars avec la Libye pour empêcher les traversées vers l’Europe. Le Danemark, qui estime que la capitale Damas est désormais sûr, a décidé de priver de sa protection des centaines de réfugiés syriens sur son sol. Ils n'ont plus le droit de travailler et doivent vivre dans des centres de transit.
La France n'est pas en reste. Il y a quelques semaines le journal Mediapart révélait avoir rencontré un Syrien dans un centre de rétention, près de Roissy, prêt à être renvoyé dans son pays en guerre. Son ''obligation de quitter le territoire'' a été validée par la justice française.