''En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par l’article 87 de la Constitution, et après avoir consulté le Conseil constitutionnel sur la date appropriée, ainsi que le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale sur l'opportunité, je dissous l'Assemblée nationale. La date des élections législatives est ainsi fixée au dimanche 17 novembre 2024'', a déclaré le président Bassirou Diomaye Faye jeudi (12.09.2024) lors d'une allocution radiotélévisée à la nation.
D’après le président, les blocages des derniers jours à l'Assemblée nationale l'ont convaincu que ''le gage d'une collaboration franche avec la majorité parlementaire actuelle (...) était une illusion. Cette dissolution a pour objectif de lui garantir une majorité stable afin de gouverner, car la précédente législature, élue en 2022 et dominée par les partisans de l'ancien président Macky Sall, lui était hostile.
Une Décision Attendue
Sa décision n'a surpris aucun acteur majeur de la classe politique sénégalaise. Selon Déme Dieng, membre de la coalition ''Diomaye président'', elle était attendue et considérée comme une démarche normale.
''Les Sénégalais vont s’exprimer pour choisir leurs députés, et le Premier ministre présentera le projet, le programme et la vision du président de la République à cette Assemblée, qui sera responsable devant le peuple sénégalais'', a-t-il précisé.
Mbaye Ndiaye, directeur des structures de l’ancienne coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar, et proche de l'ancien président Macky Sall, considère cette dissolution comme la conséquence logique du conflit persistant entre l'exécutif et le législatif.
''C’est une crise politique comme les autres. Nous allons vers des élections, et la souveraineté appartient au peuple. C’est cela la réalité, et il faudra attendre les résultats pour connaître la nouvelle configuration politique'', a-t-il expliqué, rappelant son expérience en tant qu’ancien ministre de l’Intérieur sous Macky Sall.
Un nouveau défi pour le président
Les législatives anticipées du 17 novembre représentent un nouveau défi pour le président Bassirou Diomaye Faye et sa coalition, qui l'a porté au pouvoir le 24 mars dernier. Mamadou Seck, analyste politique, estime que les prochains mois pourraient être marqués par une certaine instabilité.
''Cela signifie qu’au cours des trois prochains mois, nous risquons de vivre des soubresauts et une instabilité institutionnelle qui pourraient nuire aux initiatives du président de la République. Mais au-delà, c'est le pays tout entier qui pourrait en souffrir'', a averti Seck.
La 14e législature, installée en septembre 2022, n'avait pas offert de majorité à la coalition présidentielle. La dissolution de l'Assemblée nationale pourrait conduire à de nouvelles alliances politiques en vue des élections législatives à venir.