Le président togolais Faure Gnassingbé a signé une nouvelle Constitution controversée qui supprime les élections présidentielles, selon un communiqué de son bureau publié lundi en fin de journée.
Selon ses opposants, cette décision lui permettra de prolonger le règne de sa famille, qui dure depuis six décennies.
En vertu de la nouvelle législation, le Parlement aura le pouvoir de choisir le président, supprimant ainsi les élections directes. Samedi, la commission électorale a annoncé que le parti au pouvoir de M. Gnassingbé avait remporté la majorité des sièges au Parlement de ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Avant le scrutin, les libertés civiques et médiatiques ont fait l'objet d'une répression. Le gouvernement a interdit les manifestations contre la nouvelle Constitution proposée et a arrêté des personnalités de l'opposition. La commission électorale a interdit à l'Église catholique de déployer des observateurs électoraux. À la mi-avril, un journaliste français venu couvrir les élections a été arrêté, agressé et expulsé. L'autorité togolaise de régulation des médias a ensuite suspendu le processus d'accréditation des journalistes étrangers.
Selon les résultats provisoires, le parti au pouvoir, l'Union pour la République (UNIR), a remporté 108 sièges sur 113 au Parlement et 137 postes sur 179 au Sénat.
La nouvelle Constitution fait également passer la durée des mandats présidentiels de cinq à six ans et introduit une limite à un seul mandat. Toutefois, les presque 20 ans que M. Gnassingbé a déjà passés à la tête du pays ne seront pas pris en compte dans ce décompte. La même famille dirige ce pays d'Afrique de l'Ouest depuis 57 ans, d'abord par Eyadéma Gnassingbé, puis par son fils. Faure Gnassingbé a pris ses fonctions après des élections que l'opposition a qualifiées de simulacre.
L'opposition politique, les chefs religieux et la société civile estiment que la nouvelle Constitution proposée rend probable le maintien de M. Gnassingbé à l'expiration de son mandat en 2025. Ils craignent également que la création d'un poste similaire à celui de Premier ministre, qui serait choisi au sein du parti au pouvoir, ne permette à M. Gnassingbé d'étendre son emprise sur le pouvoir au-delà de ce nouveau mandat.
Un groupe d'une vingtaine d'organisations de la société civile togolaise a appelé à des manifestations pour défendre et rétablir la Constitution du pays.
''Nous n'accepterons jamais cette nouvelle Constitution, même après sa promulgation. Le peuple togolais doit se tourner résolument vers 2025'', a déclaré à l'Associated Press David Dosseh, porte-parole des organisations de la société civile. ''À ce moment-là, une élection présidentielle est absolument nécessaire pour que le peuple choisisse un nouveau président et réalise enfin une transition démocratique au Togo.''