L’ex-président gabonais Ali Bongo, déposé en 2023 par une junte militaire, a annoncé « son renoncement définitif » à la politique en demandant, dans un appel transmis à la presse, clémence pour sa famille victime, selon lui, de « violences » et « tortures ».
« Je tiens à réaffirmer mon retrait de la vie politique et le renoncement définitif à toute ambition nationale (….) je ne souhaiterai jamais constituer, pour le Gabon, un risque de menace, de trouble et de déstabilisation », dit-il, dans un texte transmis dans la nuit de mercredi à jeudi par son avocate gabonaise Gisèle Eyue Bekale à des médias dont l’AFP.
« J’en appelle à l’apaisement, à l’arrêt des violences et des tortures intentées contre ma famille, plus particulièrement mon épouse Sylvia et mon fils Noureddin et à leur libération, car depuis trop longtemps désormais emprisonnés pour des faits dont ils n’ont pas été reconnus coupables », ajoute-t-il.
Une première prise de parole
Après des mois de silence, l’ex-chef de l’État âgé de 65 ans reconnaît les « insuffisances » de sa gestion politique, en « assume seul la responsabilité, tant sur le plan social que s’agissant du fonctionnement de nos institutions » et appelle son pays « à renoncer à la vengeance ».
« Moi-même, je demeure non libre de mes déplacements et soumis à surveillance quotidienne. Mes visites dépendent de l’autorisation des militaires. Isolé du monde extérieur sans communications, sans nouvelles de ma famille », affirme son texte écrit en français.
Depuis le coup d’État du 30 août 2023 qui a mis fin à 55 ans de dynastie familiale, l’ex-président vit dans sa résidence privée de Libreville, « libre de quitter le pays » selon le gouvernement.
Ses proches emprisonnés
L’ancienne première dame, 61 ans, et son fils de 32 ans sont détenus à la prison centrale de Libreville. Ils ont été « inculpés pour des faits d’une extrême gravité », selon le pouvoir, Noureddin Bongo notamment pour « corruption » et « détournements de fonds publics », Sylvia Bongo pour « blanchiment de capitaux, recel, faux et usage de faux ».
Le nouveau pouvoir, incarné par le général Brice Oligui Nguema, les accuse d’avoir accaparé le pouvoir et massivement détourné des fonds publics en manipulant le chef d’État affaibli depuis 2018 par un grave accident vasculaire cérébral (AVC). Depuis leur arrestation, le gouvernement de transition du général Oligui n’a partagé que de maigres informations sur leur état ou sur l’avancée de l’enquête.
Les avocats français des Bongo ont déposé en mai à Paris une plainte avec constitution de partie civile pour « arrestation illégale » et « séquestration aggravée par des actes de tortures et de barbarie ». Une première plainte déposée en France avait été classée sans suite en octobre 2023. Pour le pouvoir, il s’agit de « dénonciations calomnieuses et mensongères ».