Après huit ans de travaux, des mois de négociations et plusieurs faux départs, la plus grande raffinerie d'Afrique, propriété du magnat nigérian Aliko Dangote, a commencé dimanche à livrer ses premiers litres d'essence au Nigeria.
Environ 500 camions-citernes ont été acheminés dimanche par la compagnie pétrolière nationale NNPC (Nigerian National Petroleum Company) à la raffinerie située à plus de 70 kilomètres à l'est de Lagos, la capitale économique du Nigeria, pour emporter 25 millions de litres d'essence, aussi appelée PMS (Premium Motor Spirit), a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
L'infrastructure gigantesque, d'une capacité à terme de 650.000 barils par jour, a coûté au total 20 milliards de dollars (18,1 milliards d'euros), soit plus du double initialement prévu. Elle est censée pouvoir couvrir l'intégralité des besoins en carburant du pays le plus peuplé d'Afrique, ainsi que d'exporter une partie de sa production.
Le Nigeria est le premier producteur de pétrole du continent, mais il importe la quasi-totalité de ses besoins en carburant.
Le pays dispose de quatre raffineries étatiques (à Warri, Port Harcourt et Kaduna), mais plus aucune n'est fonctionnelle.
Le ministre des Finances nigérian, Wale Edun, présent sur place, a salué un ''événement historique'' marquant ''la reprise de la marche du Nigeria vers l'industrialisation''.
''Aujourd'hui, nous avons franchi une étape importante vers l'autosuffisance énergétique au Nigeria'', a-t-il assuré.
''44% de la production'' de la raffinerie ''répondront aux besoin du pays'' et ''56% de la production sera exportée'', ce qui ''génèrera des entrées de devises étrangères'', a expliqué Devakumar Edwin, vice-président de Dangote Industries.
Cette raffinerie, dont le démarrage a été maintes fois reporté, a longtemps été présentée au public comme permettant de résoudre les pénuries chroniques d'essence au Nigeria, tout en maintenant des prix bas à la pompe.
Mais rien n'est moins sûr sur ce dernier point, alors que les Nigérians ont vu le prix du litre d'essence à la pompe passer de moins de 200 nairas (0,11 euro) à 850 nairas (0,47 euro) en un an et demi.
Le prix de l'essence a dans un premier temps triplé après l'arrivée au pouvoir du président Bola Ahmed Tinubu. Ce dernier a mis fin aux subventions sur les carburants qui permettaient depuis des décennies de maintenir artificiellement des prix très bas.