Au Tchad, les critiques se font plus nombreuses pour dénoncer la répression du pouvoir à l'encontre de l'opposition.
Alors que l'opposant Robert Gam, enlevé par les services de renseignement depuis septembre dernier, a été libéré le mardi 3 juin, sans procès. L'opposition et la société civile exigent maintenant la libération d'autres Tchadiens considérés comme des détenus politiques.
Au moins trois journalistes tchadiens sont actuellement en détention depuis trois mois au Tchad. Ces derniers sont accusés de complot contre l'Etat et d'intelligence avec la Russie.
Ces détentions sont considérées comme arbitraires par une partie de l'opinion publique tchadienne. À cela, s'ajoute la détention, depuis trois semaines, de l'ancien Premier ministre, Succès Masra, incriminé pour incitation à la haine.
Une volonté de faire taire
Bien que Robert Gam ait retrouvé sa liberté après huit mois de détention secrète et illégale, l'opposant Max Kemkoye, porte-parole du Groupe de concertation des actions politiques, la principale coalition de l'opposition, affirme qu'il s'agit d'une stratégie du pouvoir pour détruire l'opposition au Tchad. ''La volonté du pouvoir en place, c'est d'annihiler complètement l'opposition et toute voix discordante'' assure-t-il.
Selon toujours l'opposant ''pour avoir un boulevard ouvert devant eux (les autorités Ndlr) et réaliser leurs objectifs politiques, il ne faudrait pas qu'il y ait une opposition gênante, il ne faudrait pas qu'il y ait une presse indépendante qui puisse critiquer, donc il faut absolument la diluer.''
Pour l'analyste politique Yamingué Betinbaye, cette situation ne présage rien de bon pour l'avenir de la démocratie. Il exhorte donc le gouvernement à privilégier le dialogue politique.
''Ces arrestations et menaces ne contribueront qu'à renforcer la méfiance vis-à-vis du pouvoir et vis-à-vis des tenants du pouvoir'' explique à la DW l'analyste qui pense que pour ''sortir de ce climat sociopolitique délétère, le dialogue politique reste une première solution''.
Eviter les ''conséquences fâcheuses''
Yamingué Betinbaye insiste aussi sur ''la gestion rapide et juste'' des dossiers judiciaires qui pourrait aussi permettre d'éviter que le pays soit soit contraint d'affronter ''les conséquences fâcheuses et désagréables de cette situation, qui est en train de s'installer progressivement et qui est véritablement compromettante pour la jeune démocratie tchadienne''.
Contacté, le ministre de la Communication, Gassim Cherif, a réfuté ces critiques. Il déclare que le gouvernement tchadien n'a aucune intention de museler les voix discordantes dans le pays, mais est, au contraire, ouvert aux discussions et à tout débat contradictoire.
Auteur: Blaise Dariustone