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Publié Le 22 avril, 2021 9:51 pm
Aux JO de 1968 à Mexico, les médaillés américains Tommie Smith (centre) et John Carlos (à droite) avaient levé un poing ganté lors de leur hymne en soutien au mouvement «Black Power».

Cet été, on ne risque pas de voir un médaillé olympique poser un genou à terre sur le podium des Jeux. Le Comité international olympique (CIO) a confirmé ce jeudi que les athlètes auront interdiction de protester sur les podiums et les terrains de sport des Jeux olympiques de Tokyo et des Jeux d’hiver de Pékin, en vertu des recommandations de la commission des athlètes.

Présidée par l’ex-nageuse zimbabwéenne Kirsty Coventry, cette commission spéciale présentait les conclusions d’une consultation menée auprès de 3 547 sportifs, représentant 185 Comités nationaux olympiques (CNO) ainsi que les 41 sports olympiques, à propos d’un éventuel assouplissement de la règle numéro 50 de la charte olympique. Jusqu’à présent, la mesure interdit toute «manifestation ou propagande politique, religieuse ou raciale» sur les sites olympiques.

Le rapport a été diligenté après plusieurs appels, en particulier de la part du Comité olympique et paralympique américain (USOPC) et d’athlètes engagés sur la question des injustices raciales, en faveur d’une révision de cette règle 50. Or dans ses conclusions présentées mercredi, plus des deux tiers des sondés (70 %) ont jugé qu’il n’était «pas approprié de manifester ou d’exprimer son point de vue» sur le podium (67 %), sur un terrain (70 %) ou lors de cérémonies officielles (70 %). «Les personnes interrogées tendent à penser qu’il est approprié que les athlètes manifestent ou expriment leurs opinions dans les médias, lors de conférences de presse et dans les zones mixtes», indique le CIO.

Prime aux messages inclusifs

Autrement dit, des gestes militants comme les poings levés des athlètes américains John Carlos et Tommie Smith lors des Jeux de Mexico en 1968 en soutien au mouvement «Black Power» pourraient tout aussi être punis. Même si les sanctions ne sont pas clairement définies dans les textes officiels. Un point soulevé par la commission, et sur lequel la branche juridique du CIO doit travailler afin d’établir différents types de sanctions en fonction des faits reprochés.

Parmi les autres recommandations adoptées par la commission exécutive, celle de «multiplier les possibilités offertes aux athlètes d’exprimer leur opinion durant les Jeux olympiques». A titre d’exemple, les cérémonies d’ouverture et de clôture peuvent ainsi être l’occasion d’«adapter le serment olympique pour y intégrer des messages sur l’inclusion et la non-discrimination».

Les délégations pourront aussi «confectionner des tenues portant des messages inclusifs et les mettre à la disposition des athlètes et des membres de leur entourage pendant les Jeux», les termes proposés n’étant pas légion (paix, respect, solidarité, inclusion et égalité). Les mêmes messages collectifs pourront également habiller l’identité visuelle du village olympique, indique la commission dans son rapport.

«Cette démarche de grande ampleur avait pour but de dialoguer avec les athlètes afin de recueillir leur avis sur les possibilités existantes et à venir d’exprimer leur point de vue aux Jeux olympiques et en dehors. […] Nous sommes ravis que la commission exécutive du CIO ait entièrement souscrit à nos propositions», se félicite Kirsty Coventry.

Moins ravis, les athlètes qui espéraient profiter de la visibilité unique offerte par les Jeux pour faire passer un message. La décision d’interdire toute forme de protestation de la part des sportifs pourrait susciter des oppositions, après les mouvements de protestations dans plusieurs sports qui ont jalonné 2020 (ceux en lien avec le mouvement Black Lives Matter par exemple). L’USOPC avait ainsi autorisé fin mars les génuflexions et autres poings levés chez ses athlètes durant les sélections olympiques. Le même USOPC en avait profité pour assurer aux athlètes américains engagés dans les Jeux de Tokyo qu’ils seraient libres de faire de même pendant l’hymne national, pour soutenir les efforts de justice raciale. Il n’a pas encore réagi à cette annonce du CIO.

Liberation

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