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Le directeur général de l'OMS : Un chef d'orchestre sans baguette
Accusé d'être à la solde des Chinois, l'Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus n'a, en réalité, guère de pouvoir de coercition sur les membres de l'OMS.

Cette déclaration du 31 janvier 2020, disponible sur le site de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), risque d'être longtemps encore reprochée au directeur général de l'OMS. Évoquant « l'émergence d'un agent pathogène inconnu », Tedros Adhanom Ghebreyesus, 55 ans, appelé « docteur Tedros », félicite le gouvernement chinois « pour les mesures sans précédent qu'il a prises en vue d'endiguer la flambée, malgré les graves conséquences sociales et économiques de ces mesures pour la population chinoise ». Louant « l'attachement de la Chine à la transparence et à la protection de la population mondiale », le directeur général de l'OMS assure qu'il « n'y a aucune raison de prendre des mesures qui perturbent inutilement les voyages et le commerce internationaux ». Lorsque, quelques jours plus tard, en février, l'OMS peut (enfin) envoyer en Chine une mission d'experts spécialistes des maladies infectieuses, les autorités locales lui refusent l'accès dans la province touchée par l'épidémie…

Retards de paiement américains à l'OMS

« Ce n'est qu'à la dernière minute que la Chine accepte que trois experts occidentaux passent finalement quelques heures à Wuhan, du moins en périphérie de la ville, et sans pouvoir faire la moindre enquête », révèle Le Monde. Depuis, « docteur Tedros » peine à se défaire de cette image de « marionnette chinoise », comme l'a affublé récemment le site Mediapart. Pour tenter de faire oublier ses propres incohérences dans la lutte contre la pandémie, Donald Trump a pris le directeur général de l'OMS comme bouc émissaire. Spectaculairement, il a gelé la contribution que les États-Unis versent à l'institution spécialisée de l'ONU. Certes, Washington est le principal donateur de l'OMS (11 % du budget). Toutefois, le président américain oublie de préciser que son pays affiche un retard de paiement de 320 millions de dollars pour 2019-2020 ! En réalité, ce n'est pas à l'Organisation mondiale de la santé que Donald Trump en veut particulièrement, mais bien au système multilatéral dans son ensemble. Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, il a déjà suspendu le financement de plusieurs agences de l'ONU, et paralysé l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Directeur de l'OMS, « un poste impossible »

Effectivement, « docteur Tedros » n'est guère avare en compliments vis-à-vis de la Chine. Mais on oublie qu'il n'y a pas si longtemps l'ancien ministre éthiopien de la Santé se montrait tout aussi élogieux envers les États-Unis. En réalité, le directeur général de l'OMS n'a pas de gros bâtons pour menacer de sanctions les États membres, mais une sébile pour implorer les pays riches afin qu'ils fassent preuve de davantage de générosité. Son budget n'atteint que 4,5 milliards d'euros. À l'échelle de la planète, cette somme est ridicule, si on la compare aux montants astronomiques avancés par l'Union européenne, ou même par la France, pour tenter de surmonter la crise. Stéphane Bussard, le correspondant à l'ONU du quotidien suisse Le Temps, constate que l'OMS n'a finalement qu'un pouvoir très limité et que son directeur général occupe « un poste impossible ». D'autant que ce n'est même pas lui qui choisit les directeurs des bureaux régionaux de l'OMS, mais les pays de ces régions… À la tête de l'OMS à Genève, « docteur Tedros » continue à n'être qu'un « politique », comme il l'était déjà au gouvernement à Addis-Abeba.

La Chine, principal partenaire de l'Éthiopie

Néanmoins, la proximité de Tedros Adhanom Ghebreyesus avec la Chine est bien réelle. Pas seulement en raison du soutien que lui a apporté le régime de Pékin pour son élection en 2017. C'est la première fois qu'un Africain parvenait à la tête de cette organisation onusienne. « La Chine est la première source d'investissements étrangers et le premier partenaire commercial de l'Éthiopie. Entre 2005 et 2019, le montant cumulé des investissements chinois a atteint 8 % du total sur l'ensemble de l'Afrique subsaharienne. L'Éthiopie se situe au deuxième rang des pays récipiendaires africains », rappelle Valérie Niquet, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), dans une note sur « l'instrumentalisation de l'Afrique par la Chine et ses conséquences sur les décisions de l'OMS ». Enfin, « docteur Tedros » était membre, dans sa jeunesse, du Front de libération du peuple du Tigray (FLPT), une organisation communiste révolutionnaire soutenue par la Chine. Depuis son arrivée au pouvoir, le PLFT a abandonné toute référence au marxisme-léninisme, mais il n'a pas pour autant coupé les liens avec le grand frère chinois.

Source: Le Point