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Londres suspend son traité d'extradition avec Hongkong
Le Royaume-Uni accentue sa pression sur Pékin après l'introduction d'une loi sur la sécurité à Hongkong qui menace tout mouvement de contestation.

Le Royaume-Uni poursuit son bras de fer avec la Chine. Le gouvernement de Boris Johnson a annoncé lundi la suspension «immédiate et indéfinie» du traité d’extradition entre le Royaume-Uni et Hongkong. Cette mesure est une conséquence directe de l’imposition par Pékin d’une loi sur la sécurité dans l’ancienne colonie britannique qui restreint de fait tout mouvement de contestation.

Le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab a amorcé sa déclaration devant les députés de la Chambre des communes par une série de déclarations diplomatiques. «Le Royaume-Uni salue le remarquable succès de la Chine en extrayant de la pauvreté des millions de personnes», a-t-il commencé, avant de souligner que son pays souhaite «travailler avec la Chine» et qu’il existe «une marge énorme d’engagement constructif et positif». Mais pas tout de suite, pas demain.

L’imposition de la loi sur la sécurité à Hongkong représente une «claire et sérieuse violation de la Déclaration conjointe sino-britannique ainsi qu’une violation des obligations internationales assumées librement par la Chine», a déclaré le secrétaire au Foreign office.

Embargo sur les ventes d’armes étendu à Hongkong

Outre la suspension du traité d’extradition, Dominic Raab a annoncé que l’embargo sur les ventes d’armes en vigueur depuis 1989 sur la Chine continentale serait désormais étendu à Hongkong. Il n’y aura pas d’exportations du Royaume-Uni à Hongkong d’armes «potentiellement létales, de leurs composants ou munitions». L’embargo s’étendra également à tout équipement qui «pourrait être utilisé pour une répression domestique, comme des menottes, de l’équipement d’interpellation, des grenades fumigènes ou pistolets».

Ces annonces font suite à l’offre du gouvernement britannique de faciliter l’accès à la citoyenneté britannique de citoyens de Hongkong détenteurs ou pouvant prétendre à un passeport BNO (British National Overseas). Tout citoyen hongkongais né avant 1997, date de la rétrocession de Hongkong à la Chine, pouvait prétendre à ce passeport qui facilitait les visites au Royaume-Uni. Désormais, la mesure a été étendue aux familles et surtout, Dominic Raab a confirmé la mise en place, dès début 2021, d’une voie rapide d’accès à la citoyenneté britannique pour les détenteurs de passeports BNO. En principe, quelque trois millions de Hongkongais pourraient demander la délivrance de ce passeport.

Depuis l’annonce par Pékin de l’imposition de cette loi sur la sécurité à Hongkong début juin, le Royaume-Uni a été nettement plus ferme que ses voisins européens dans sa réponse à la Chine. Cette dernière a répliqué régulièrement en accusant Londres de faire preuve d’ingérence liée à son passé colonialiste à Hongkong et menacé de représailles. Dans son discours, Dominic Raab a ouvertement fait allusion à la récente décision de son gouvernement de suspendre la participation de la firme de télécommunications chinoise Huawei dans le réseau 5G du Royaume-Uni. «Nous protégerons toujours nos intérêts vitaux, y compris les infrastructures sensibles, et nous n’accepterons aucun investissement qui compromette notre sécurité domestique et nationale», a dit le ministre.

«Inquiétudes très sérieuses» pour la communauté ouïghoure

Il a également répété les «inquiétudes très sérieuses quant aux grossiers abus des droits de l’homme perpétrés contre la communauté musulmane ouïghoure dans le Xinjiang». Dimanche, l’ambassadeur chinois au Royaume-Uni Liu Xiaoming avait été mis en difficulté sur la BBC où le journaliste Andrew Marr l’avait confronté à une vidéo montrant des Ouïghours menottés et les yeux bandés, embarqués dans des trains. Cette vidéo date d’avril 2019 et M. Xiaoming a tenté, sans grand succès, de prétendre qu’il s’agissait probablement d’un transfert de prisonniers «comme dans n’importe quel pays».

Dominic Raab n’a cependant pas annoncé de mesures liées à la récente adoption au Royaume-Uni de la loi Magnitski qui permet de placer sur une liste «noire» les individus soupçonnés d’avoir violé des droits de l’homme. L’inscription sur cette liste entraîne immédiatement le gel des avoirs et la fermeture des frontières à ces individus. L’application de la loi sur la sécurité à Hongkong reste «sujette à une considérable incertitude», a-t-il dit. «Je dirais juste cela : le Royaume-Uni et le monde regardent attentivement.»

Source: Libération