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Sommet de la Cedeao : Les dessous de l’opération « Sauver IBK »
Alors que le président malien vient de mettre en place un gouvernement restreint, ses homologues ouest-africains proposent de prendre des sanctions à l’encontre de « tous ceux qui ne respecteront pas l’ordre constitutionnel ».

Les 15 présidents de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont réaffirmé ce lundi leur soutien au président malien, au cours d’un sommet virtuel qui a duré trois heures. Le chef de l’État Ibrahim Boubacar Keïta (« IBK ») a réagi en début de soirée par un décret lu à la télévision par la secrétaire générale de la présidence, Kamissa Camara.

Elle a annoncé la constitution immédiate, autour du Premier ministre Boubou Cissé, d’une « équipe ministérielle restreinte dont la mission est de négocier avec les parties prenantes, en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale à même de contribuer à l’apaisement de la situation ».

Plusieurs poids lourds de la précédente équipe, qui avait démissionné après les législatives de mars-avril, conservent leurs postes : Tiébilé Dramé à la tête de la diplomatie, le général Ibrahima Dahirou Dembélé à la Défense ou encore Boubacar Alpha Bah à l’administration territoriale.

L’avocat et homme politique Kassoum Tapo devient ministre de la Justice et le général de division M’Bemba Moussa Keïta ministre de la Sécurité.

Le pouvoir a fait un geste en direction de l’opposition en confiant le ministère de l’Économie et des Finances à un ancien banquier, Abdoulaye Daffé, considéré comme étant proche du Chérif de Nioro, le mentor de la figure de proue de la contestation, l’imam Mahmoud Dicko.

Régime de sanctions

Les présidents de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont donc soutenu leur homologue IBK dans sa volonté de maintenir Boubou Cissé à la tête de son gouvernement, estimant qu’il était « libre » de choisir son Premier ministre. Cette nomination constitue, selon eux, une « prérogative régalienne du chef de l’État ». Cette question avait été au centre du huis clos, le 23 juillet à Bamako, entre Muhammadu Buhari, Mahamadou Issoufou, Alassane Ouattara, Nana Akufo-Addo, Macky Sall et IBK.

Le choix d’un nouveau Premier ministre de consensus constitue pourtant une condition a minima de l’aile modérée du Mouvement du 5 juin (M5-RFP), qui partage les positions de l’imam Mahmoud Dicko.

« Je soutiens la proposition de notre frère Alassane [Ouattara] qui est de prendre des sanctions contre tous ceux qui iront à l’encontre de l’ordre constitutionnel […], a notamment déclaré le chef de l’État guinéen Alpha Condé le 27 juillet au cours de la conférence. Nous devons réaffirmer de façon incontestable la légitimité du président IBK, président élu dans un régime présidentiel, qui doit nommer et garder son Premier ministre et disposer des postes de souveraineté : affaires étrangères, défense, sécurité et finances. Le peuple malien composera ensuite un gouvernement qui reflétera toutes les tendances. » Le sommet a fermement exclu un départ forcé du président Keïta, réclamé par l’aile dure de la contestation. « En défendant le Mali, nous défendons nos propres pays. C’est pourquoi, notre soutien à IBK doit être total et sans condition », a ajouté le président guinéen.

Les dirigeants ouest-africains ont également insisté pour que les mesures prônées soient mises en œuvre « au plus tard » le 31 juillet. Parmi ces mesures, la « démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée, y compris le président du Parlement », Moussa Timbiné. Ces démissions ouvriraient la voie à des législatives partielles. Le sommet a également demandé une « recomposition rapide de la Cour constitutionnelle ».

Trêve fragile

Les dirigeants de la contestation ont jusqu’à présent refusé d’entrer dans un gouvernement d’union nationale, soulignant que les problèmes de mal-gouvernance dépassaient les simples questions électorales. Malgré ces réticences, la Cedeao « encourage » le Mouvement du 5-Juin, qui mène la contestation, à y « participer dans un esprit de patriotisme ».

«Le M5-RFP, réaffirmant sa détermination à mener son combat pour sauver le Mali menacé de disparition en tant qu’État, nation, démocratie et République laïque, exige plus que jamais la démission de M. Ibrahim Boubacar Keïta et de son régime qui portent l’entière responsabilité de cette sinistre perspective pour notre pays », a réaffirmé ce 28 juillet le mouvement qui mène la contestation.

Le 10 juillet, la troisième grande manifestation contre le pouvoir avait dégénéré en trois jours de troubles meurtriers à Bamako, les pires dans la capitale depuis 2012, qui ont fait entre 11 et 23 morts. Le sommet de la Cedeao a demandé à ce qu’une « commission d’enquête » détermine « les responsabilités » dans ces violences.

Le mouvement de contestation M5-RFP, une coalition hétéroclite de religieux, d’opposants politiques et de membres de la société civile, avait annoncé le 21 juillet une « trêve » jusqu’à la fête musulmane de l’Aid prévue le 31 juillet. Samedi 25 juillet, la jeunesse du M5 se réunissait à Bamako à la veille du sommet de la Cedeao, et lançait un appel à la reprise des manifestations après le 3 août.

Source: Jeune Afrique